Corse, l’étreinte mafieuse

Le FLNC a rendu les armes, et les explosions se sont tues. En décembre 2015, les nationalistes ont accédé au pouvoir par les urnes à la Collectivité territoriale de Corse. Pourtant, la violence persiste. La mafia a mis l’île sous contrôle strict. Elle a infiltré en profondeur l’économie, rackettant les commerçants, s’appropriant les marchés publics et blanchissant l’argent sale au travers de projets immobiliers. Même les notables ne se sentent plus en sécurité. Depuis 2012, plusieurs d’entre eux, dont un avocat et un président de chambre de commerce, ont été assassinés, et aucun de ces meurtres, orchestrés par des professionnels du grand banditisme, n’a été résolu.

Le monde politique subit également cette pression. « Autrefois, les élus corses utilisaient les voyous pour leurs campagnes électorales. Aujourd’hui, ils sont devenus des marionnettes entre les mains de ces derniers », déclare un magistrat. Depuis fin 2012, une opération nommée « Mains propres » est en cours. Plusieurs procès pour corruption ont conduit à de lourdes condamnations d’élus, révélant leurs liens avec des bandes criminelles. Ce volontarisme parviendra-t-il à survivre aux changements politiques attendus en 2017 ? Suffira-t-il à desserrer l’étreinte qui étouffe la Corse ?

Hélène Constanty, originaire de Marseille d’une famille corse, est journaliste indépendante et auteur de documentaires, de bandes dessinées et de plusieurs enquêtes, dont *Razzia sur la Corse* (Fayard), qui a reçu le Prix du livre corse en 2012. Pour en savoir plus.