Ecoute, une histoire de nos oreilles

L’écoute est sans doute l’une des activités les plus discrètes qui soient. Elle semble presque passive, une manière d’être touché qui a tendance à passer inaperçue. Quand quelqu’un écoute, on ne l’entend pas. Pourtant, j’ai toujours rêvé de découvrir l’archéologie de nos écoutes musicales, une histoire de nos oreilles de mélomanes, de passionnés de mélodies sous toutes leurs formes. J’ai voulu explorer l’origine de ces oreilles que je porte et que je partage. Quel âge ont-elles ? Que devrais-je, que pourrais-je faire avec elles ? De qui les ai-je héritées, et à qui suis-je redevable ? Pour répondre à ces questions, j’ai commencé à traquer tous les indices possibles.

Il existe une criminologie de l’écoute, où des auditeurs se retrouvent au tribunal, qu’ils soient accusés ou plaignants. On trouve aussi des écritures de l’écoute, car certaines oreilles laissent des traces durables de leur passage. Les instruments d’écoute, tels que des prothèses enregistreuses ou des machines à entendre, font également partie de ce paysage. Enfin, une polémologie de l’écoute émerge, avec ses guerres et ses stratégies organisées , c’est tout un champ de bataille où nos oreilles, de manière plastique, se conforment à des règles et conservent, tel Don Juan face au Commandeur, l’empreinte de l’écoute de l’autre.

Et puis, il y a toi. Toi à qui mes écoutes sont destinées. Toi qui, parfois – c’est si rare – m’écoutes écouter. (P. Sz.) Écoute est paru en 2001. En lire plus.