Histoire de la Commune de 1871

Ce livre, qui a dépassé les 65 000 exemplaires vendus depuis sa réédition en 1967 dans la « Petite collection Maspero », demeure un grand classique. Son auteur, à la fois acteur et témoin de la Commune de Paris, s’est attelé à sa tâche dès le lendemain de la défaite, un effort qui s’est étalé sur vingt-cinq ans. Il a mené des enquêtes approfondies auprès de tous les survivants, d’abord à Londres, puis en Suisse, et a également consulté tous les documents disponibles à l’époque.

Le résultat de ce travail acharné est une véritable « somme » qui ne se contente pas de relater les événements de l’insurrection à la répression. Elle dresse un tableau des différents courants de la pensée sociale, des conflits internes, ainsi qu’un bilan des réalisations et des tentatives. Ces « mesures éparses, tôt dispersées au vent de la lutte et des divergences », sont pourtant significatives et caractérisent, selon Jean Maitron, cette Commune qui a servi de « trait d’union plutôt que de coupure dans l’histoire du mouvement ouvrier français ».

« L’ultime barricade des journées de Mai », écrit Lissagaray, « se trouve rue Ramponneau. Pendant un quart d’heure, un seul fédéré la défend. Trois fois, il brise la hampe du drapeau versaillais. Pour prix de son courage, le dernier soldat de la Commune parvient à s’échapper. » La légende raconte que ce combattant anonyme n’était autre que Lissagaray lui-même, tant il est vrai que chez lui, la modestie de l’historien s’allie à la ténacité et à l’intransigeance du militant.