Histoire du Portugal

« Toutes les nations sont des mystères », écrivait Pessoa. Cette affirmation s’applique particulièrement au Portugal. Comment ce territoire, sans unité naturelle et peuplé de communautés si diverses, est-il devenu l’un des premiers États-nations de l’Occident ? Comment expliquer que ce petit royaume se soit lancé dans les grandes découvertes qui allaient bouleverser l’Europe de la Renaissance ?

L’épopée singulière des Portugais commence au XIIe siècle, pendant la Reconquête. À cette époque, leur premier roi propage l’idée que Dieu l’a choisi pour combattre les païens et les Infidèles. Cette vocation impériale, qui traverse toute l’histoire du Portugal, s’inspire de l’esprit de croisade, indissociable d’un certain messianisme, le sébastianisme. Dès le XIVe siècle, les Portugais s’aventurent sur les mers. Sous le règne de Manuel de Fortuné, ils dirigent le plus grand empire maritime et commercial du monde, mais celui-ci s’effondre avec l’Union ibérique, imposée par Philippe II.

Une nouvelle opportunité se présente lorsque le pays retrouve son indépendance en 1640, grâce au sucre et à l’or du Brésil. Cependant, ce second empire s’écroule face aux invasions napoléoniennes. Pendant près de deux siècles, le Portugal tente d’établir un empire en Afrique. Ni la monarchie, ni la brève expérience républicaine, ni la dictature militaire de Salazar ne parviennent à raviver le rêve impérial. Jusqu’à la Révolution des Œillets en 1974, le pays s’enfonce dans une décadence inéluctable tout en s’accrochant obstinément à ses derniers domaines d’outre-mer. Mais une nouvelle époque se profile à l’horizon : celle du Portugal européen.

Jean-François Labourdette, professeur émérite à l’université Charles-de-Gaulle-Lille-III, est un spécialiste des relations internationales à l’époque moderne. Il a également écrit trois livres sur le Portugal. En savoir plus.