Jacques Ier Stuart

Entre le règne glorieux et presque mythique d’Élisabeth et celui, tragique, du malheureux Charles Ier, les années de Jacques semblent, vues de France, être une transition sans éclat. Ce n’est plus l’époque grandiose de l’Armada et des corsaires d’Amérique, mais ce n’est pas encore celle de Cromwell et des Têtes rondes. Pourtant, tant d’événements marquants se sont produits durant les vingt-deux ans qui séparent la mort d’Élisabeth du couronnement de Charles ! On peut évoquer la conspiration des Poudres, l’exécution de Walter Raleigh, la fondation des premières colonies outre-Atlantique, l’expansion du commerce anglais aux confins de l’Asie, le drame de Prague et les débuts de la guerre de Trente Ans. Tous ces événements appartiennent à ce règne, souvent injustement négligé par les historiens français.

De plus, avant de succéder à Élisabeth, Jacques a régné pendant trente-six ans sur l’Écosse en tant que fils et héritier de Marie Stuart, dans une atmosphère de guerre civile et religieuse digne des plus grands romans d’aventure. En somme, la carrière de cet homme recouvre cinquante-huit ans d’histoire britannique et européenne, à la croisée du Moyen Âge et des Temps modernes. Ses contemporains l’ont surnommé « le roi de la paix » et « le nouveau Salomon », tandis qu’Henri IV, son « compère », l’a qualifié de « fol le plus sage de la chrétienté ».

« Plût à Dieu que l’Angleterre n’eût jamais eu un meilleur roi, ni un pire », écrivait quelques années après sa mort un homme qui ne lui avait pas toujours été tendre. Au final, il est difficile d’imaginer un éloge plus beau et plus mélancolique pour un souverain et un homme.

Michel Duchein, inspecteur général honoraire des Archives de France et grand spécialiste de l’histoire de la Grande-Bretagne, a signé plusieurs ouvrages, dont une biographie de Marie Stuart (1987), d’Élisabeth Ire (1992), du Duc de Buckingham (2000), ainsi qu’une Histoire de l’Écosse (1998) et le tome III de la collection dirigée par Jean Favier, « Archives de l’Occident » : Les Temps modernes, 1559-1700 (1995). Tous ces livres sont publiés chez Fayard. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à les consulter.