Le périple de saint Colomban

À la fin du VIe siècle, un moine de l’abbaye de Bangor, située sur la côte nord-est de l’Irlande, nommé Colomban, ressent un profond désir d’être un « pèlerin pour l’amour de Dieu ». Avec quelques compagnons, il se lance dans une audacieuse mission d’évangélisation, visant en réalité à re-christianiser le continent ouest-européen, alors dominé par les héritiers de Clovis, des princes mérovingiens qui se disputent le pouvoir dans un pays troublé par de nombreuses résurgences du paganisme.

Colomban fonde successivement, à la limite des territoires des Burgondes et des Austrasiens, les monastères d’Annegray et de Luxeuil, qui étaient d’anciens sanctuaires de la religion druidique. Il se fait expulser par la redoutable reine Brunehaut, mais décide de retourner vers l’est de l’empire mérovingien. Après un temps passé près du lac de Constance, où son disciple Gall établit un célèbre monastère à son nom, Colomban finit par rejoindre l’Italie du nord, où il termine sa vie à l’abbaye de Bobbio.

Cet ouvrage retrace le parcours exceptionnel de ce moine irlandais, vénéré comme saint par le peuple, bien que Rome ne l’ait pas encore officiellement reconnu. Il met en lumière le rôle crucial qu’il a joué non seulement dans l’évolution du monachisme européen, mais aussi dans la vie culturelle du haut Moyen Âge. Jamais un « saint » venu de l’extrême occident n’aura eu une influence aussi profonde sur la mentalité chrétienne que Colomban. Les ramifications de son activité spirituelle restent innombrables et continuent de résonner à notre époque.

L’Irlande, avec ses poètes et ses moines, dont Colomban est l’un des plus brillants représentants, a véritablement façonné l’Europe occidentale telle que nous la connaissons aujourd’hui. Ses intenses percées métaphysiques et religieuses ont donné naissance à une vision unique des relations entre le divin et l’humain, entre l’invisible et le visible.