Légendes et récits du Portugal

Alexandre Herculano (1810-1870) représente l’une des figures majeures du romantisme portugais. Poète, romancier et historien, il a également été un fervent défenseur des idées libérales. Ses « Légendes et récits » occupent une place prépondérante dans la culture portugaise, aux côtés des « Lusiades » et des « Histoires tragico-maritimes. » Publiés pour la première fois en 1851, ces récits s’inspirent des romans de Walter Scott, à une époque où l’Europe s’enthousiasmait pour les chroniques médiévales et les légendes anciennes, cherchant à en révéler l’âme profonde des nations.

Au Portugal, cette tendance est survenue à un moment particulièrement difficile. Le royaume venait de subir une série de déboires : son roi l’avait abandonné, les Français l’avaient envahi, les Anglais l’avaient assujetti, sa colonie la plus riche l’avait renié, et enfin, une guerre civile le déchirait. Confronté à cette déchéance, le pays se retrouvait réduit à une masse de paysans crédules, préférant se soumettre au joug ancestral de petits barons plutôt que de suivre des intellectuels de café souvent médiocres. Ainsi, au moment où d’autres nations européennes s’éveillaient, le Portugal s’enfonçait dans l’obscurité.

Les « Légendes et récits » constituent un texte fondateur de la littérature moderne portugaise. Herculano y déploie son génie à travers des histoires de chevalerie, de conquête, de trahison et de passion, offrant un tableau fascinant du Portugal médiéval. En tant qu’historien minutieux, il met en avant son talent de conteur et de dramaturge pour reconstituer la vie des siècles héroïques. Il excelle à faire rebondir l’intrigue, plongeant le lecteur dans les péripéties de personnages enchaînés à leurs passions, souvent voués à une fin tragique. Herculano sait tenir le lecteur en haleine grâce à des effets et des rebondissements habilement dosés.

En mêlant le fabuleux au quotidien, ces sept épisodes de l’histoire du Portugal, s’étalant sur presque autant de siècles, apparaissent comme des fragments d’une épopée inachevée. Herculano hésite à les rattacher à l’univers du rêve ou à celui du cauchemar. Ce récit captivant, illustré par Marion Duval et traduit du portugais par Diogo Quintela et Bernard Tissier, invite à une exploration plus profonde.