Les Rougon-Macquart: Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire

Les Rougon-Macquart, ce roman audacieux, s’attaque à la société bourgeoise que son auteur critiquait déjà en remettant en question ses fondements esthétiques. Zola s’opposait au salon officiel, protégé par l’Impératrice, et dénonçait le régime dans ses articles de la Tribune. Le 31 juillet 1869, il célèbre à sa manière le centenaire de Napoléon Ier en soulignant que, pour cette belle fête, il faudrait convoquer les morts, évoquant ainsi un peuple d’égorgés.

Dès le premier roman, La Fortune des Rougon, il met en lumière les ridicules sordides des partisans de Napoléon III en Provence lors du coup d’État. Dans le second, La Curée, il dépeint les arrivistes qui se métamorphosent en parvenus. Zola s’attaque à un régime imprégné de boue, de lâcheté et de terreur, un régime qui refuse de se dévoiler. Les cortèges de Plassans, dirigés par la petite Miette, drapée dans les plis du drapeau rouge, sèment la terreur parmi les notables, ne servant que de prologue aux cortèges apocalyptiques de Germinal, qui attendent encore dans l’ombre.

Le jeune écrivain, tel un bûcheron, façonne son contrefeu. Il connaît sa direction , l’avenir l’appelle et le romantisme l’entraîne. Il aspire à être prométhéen. L’hérédité, l’homme physiologique, le roman expérimental, l’influence de Balzac, la découverte de la condition ouvrière, son amour pour la République et sa haine de l’Empire, ainsi que le naturalisme qui transcende le réalisme, tout cela s’entremêle dans son esprit. En puissant forgeron à lorgnon, il façonne et brasse un monde en mouvement.