Romans

Ramuz est un écrivain fascinant et étonnamment méconnu. Comment un auteur de cette envergure peut-il passer inaperçu ? En Suisse, son pays natal, il est considéré comme un monument historique. En France, il a connu une certaine notoriété de son vivant, mais souvent, on ne l’a pas compris à sa juste valeur, le qualifiant d’« auteur rustique » ou de « romancier de la montagne ». Depuis sa mort en 1947, ses œuvres sont peu rééditées et peu lues. Certaines absences peuvent être difficiles à accepter, mais découvrir Ramuz, c’est avoir envie de le partager avec le monde.

La Pléiade a donc décidé de publier ses vingt-deux romans. Ces récits mettent en avant des paysans, tandis que la nature occupe une place centrale. Ils ne s’expriment pas toujours dans un français standard, ce qui a contribué à le cataloguer comme un écrivain régionaliste. Cependant, explorons un peu plus en profondeur. Ramuz aborde la nature avec la même attention que Cézanne pour ses paysages, la simplifiant à ses lignes essentielles. Le pittoresque ne l’intéresse pas. Sa montagne, tout comme les collines du Mississippi chez Faulkner, est une réinvention. Ses paysans, dépouillés et presque fantasmés, incarnent des figures tragiques, semblables aux rois de Racine, confrontés à la fatalité. Les thèmes qu’il aborde—l’amour, la mort, la séparation—sont universels et intemporels.

Sa langue, une création pure, rythmée et audacieuse, repousse les limites de la syntaxe, tout en servant une narration qui flirte avec les frontières du genre romanesque. Pour lui, le roman « doit être un poème ». Ramuz étonne et déroute. Les conformistes passeront leur chemin. Ce n’est pas un hasard si des écrivains aussi variés que Claudel et Céline ont éprouvé une admiration pour lui. Pour ceux qui cherchent dans le roman une alternative à la répétition de modèles et de discours convenus, la découverte de Ramuz sera sans aucun doute marquante. Plongez-vous dans son œuvre et laissez-vous surprendre.