Henri VIII: La démesure au pouvoir

**Un homme à la mesure de son règne (1509-1547)**

Au début du XVIe siècle, quatre jeunes princes exceptionnels accèdent aux trônes majeurs d’Europe. En 1509, Henri VIII règne sur l’Angleterre , en 1515, François Ier prend la tête de la France , Charles Quint s’impose en Espagne et dans l’Empire en 1516 et 1519 , et enfin, Soliman le Magnifique s’affirme dans l’Empire ottoman à partir de 1520. Cette nouvelle génération de dirigeants, marquée par la tranquille arrogance de la jeunesse, se distingue, mais Henri VIII se démarque vraiment de ses contemporains. Il pénètre rapidement dans des territoires où aucun de ses prédécesseurs n’a osé s’aventurer.

Bien que ce jeune roi pieux monte sur le trône au cœur de l’Europe catholique, il se révèle être un prince schismatique, créateur d’une Église nationale et d’une nouvelle façon de régner. Il décède en 1547. Pendant ces trente années, il détruit successivement de nombreuses digues séculaires : rupture avec la papauté, exécutions de sa seconde épouse, de son principal ministre, de son chancelier, d’un cardinal et de sa cinquième épouse, tour de vis fiscal sans précédent, suppression de tous les monastères du royaume, et confiscation de dizaines de palais, châteaux et demeures nobles.

Henri VIII s’impose également comme le monarque anglais le plus célèbre, car son histoire demeure l’une des plus captivantes à raconter. Elle regorge de violence et de sexe, d’amour et de haine, de pouvoir et de démesure, d’amitié et de trahison. On y trouve le fils écrasé par son père et le père écrasant ses enfants. Le casting qui entoure ce roi est exceptionnel. Lorsque Henri VIII monte sur le trône, il incarne la royauté de manière saisissante. Ce colosse, mesurant près d’un mètre quatre-vingt-dix, est jeune – il n’a pas encore 18 ans – en bonne santé, beau, cultivé, riche et athlétique. Cependant, cette incarnation parfaite du prince de la Renaissance se transforme progressivement en tyran sanguinaire , de jeune premier, il devient vieux-beau, puis un débris.

Les premiers rôles féminins ne lui cèdent en rien, incarnant divers stéréotypes : la sainte, l’intrigante, la discrète, la laideron, l’allumeuse et la bas-bleu. Les seconds rôles masculins sont également remarquables, allant du flamboyant et indispensable Thomas Wolsey à l’impénétrable Thomas Cromwell, en passant par le veule et arrogant Thomas Howard, ainsi que par Thomas More, l’inflexible et souriant martyr.

Les décors sont saisissants : on se promène dans des châteaux ornés de tapisseries en fil d’or, on pourchasse des cerfs à bride abattue, et l’on assiste à des chevaliers en armure brisant leurs lances dans des charges à pleine vitesse. Les hérétiques sont brûlés puis écartelés, tandis que les esprits les plus brillants du temps débattent de paix et d’harmonie. Le roi tente de rééditer les exploits d’Henri V en envahissant la France, tandis que le peuple se soulève contre les réformes religieuses du souverain.

Ce règne est à la fois une tragédie intemporelle et universelle sur l’amour, la famille, la guerre, la liberté d’esprit et le pouvoir. Et dans cette histoire, tout est vrai ! Grand Prix de la biographie historique 2023. En lire plus.