Le montage. « La seule invention du cinéma »

L’ironie de l’histoire, c’est qu’après plus d’un siècle de cinéma, de nouvelles machines remettent au goût du jour la simple reproduction de la durée. Le selfie permanent, quant à lui, redonne vie à la vue Lumière à l’échelle mondiale pour des millions de personnes. Le cinéma a toujours cherché à dépasser cet état minimal de l’image en mouvement, en y ajoutant des qualités sensorielles et en apprenant à ne pas la laisser seule. Sans l’art du montage, il n’y aurait ni cinéma de fiction, ni documentaire, ni film poétique , on ne ferait qu’accumuler des vues unitaires dépourvues de sens. Godard, malgré la rudesse de sa formule, n’a pas eu tort d’affirmer que le montage est la seule véritable invention du cinéma. Bien que le cinéma n’ait pas découvert le principe du montage, celui-ci constitue le cœur formel, esthétique et sémiotique de l’art cinématographique. Il permet d’obtenir « une forme qui pense ». Ce bref essai ne vise pas à remplacer un traité complet, mais à rappeler pourquoi le cinéma a cultivé l’art du montage, ce qu’il en a fait, et tenter de comprendre ce que nous pouvons espérer qu’il préserve, à un moment où, dans les nouveaux usages sociaux, le règne de la vue est remis en question par celui de l’image. En lire plus.