Les droits des auteurs de cinéma: Sociologie historique du copyright et du droit d’auteur

Un film peut-il être reproduit et projeté librement par quiconque possède une copie ? Un écrivain a-t-il le pouvoir d’interdire l’adaptation cinématographique de sa pièce de théâtre ou de contrôler l’adaptation de son roman ? La mise en scène constitue-t-elle l’essence d’un film, la réalisation d’idées préexistantes, ou ne représente-t-elle qu’un maillon dans la chaîne de production visible dans les génériques de fin ? Les producteurs se contentent-ils d’être des financiers, ou sont-ils la condition essentielle à l’existence de ces œuvres coûteuses et collectives que sont les films ? Les scénaristes ne fournissent-ils qu’un simple ingrédient, ou créent-ils la recette même des films ? Qui, au fond, est l’auteur d’un film ? Doit-il contrôler le montage, rédiger le scénario ? Peut-il être salarié et mérite-t-il d’être rémunéré en fonction du succès du film ? La colorisation d’une œuvre en noir et blanc nuit-elle au cinéma et à la culture d’une nation ? Lorsque des œuvres circulent gratuitement sur des réseaux de peer-to-peer, doit-on s’en réjouir ou sévir ?

Ces questions soulèvent des enjeux juridiques auxquels font face les professionnels du cinéma, les juristes et les acteurs politiques impliqués dans l’élaboration des droits des auteurs de films. Les luttes engagées depuis les années 1900 montrent que l’attribution des films à des auteurs résulte de combats pour imposer des représentations du cinéma et structurer le travail cinématographique. En offrant une approche sociologique originale sur l’écriture des normes de la propriété intellectuelle, ce livre éclaire également les raisons pour lesquelles le droit d’auteur français et le copyright américain définissent différemment les auteurs de cinéma et ne leur confèrent pas les mêmes droits. Il raconte comment des cinéastes se sont unis et divisés sur des questions de rémunération, de contrôle de la création des films, de hiérarchies professionnelles, de droit de citation et de téléchargement. En s’intéressant aux relations et au fonctionnement des sociétés d’auteurs, il met en lumière les logiques d’engagement des cinéastes pour défendre, redéfinir et dénoncer le droit de propriété des films.